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millions de catholiques dans les affaires spirituelles. Il lui confie son embarras et lui demande ce qu’il faut faire.

Le secrétaire d’État, ministre de tous les ministères du pape, répond au vieux souverain sans hésiter : « D’abord, il n’y a pas d’abus ; ensuite, s’il y en avait, nous ne devrions pas y toucher. Réformer quelque chose, c’est faire une concession aux mécontents. Céder, c’est prouver qu’on a peur. Avouer qu’on a peur, c’est doubler la force de l’ennemi, ouvrir les portes à la révolution, et prendre le chemin de Gaëte où l’on est très-mal logé. Ne bougeons pas de chez nous. Je connais la maison ; elle n’est pas neuve, mais elle durera plus que Votre Sainteté, pourvu qu’on n’y fasse aucune réparation. Après nous le déluge : nous n’avons pas d’enfants.

— Il est vrai, dit le pape. Mais le souverain qui me supplie de faire quelque chose est un fils aîné de l’Église. Il nous a rendu de grands services ; il nous protège encore tous les jours, et je ne sais pas ce que nous deviendrions s’il nous abandonnait.

— Soyez tranquille, répond le cardinal, j’arrangerai diplomatiquement l’affaire. » Et il écrit en style entortillé une note invariable qui peut se résumer ainsi :

« Nous avons besoin de vos soldats et non de vos conseils, attendu que nous sommes infaillibles. Si vous faisiez mine d’en douter, et si vous essayiez de nous imposer quelque chose, même notre salut, nous nous voilerions la face de nos ailes, nous arborerions les