Page:About - La Question romaine.djvu/160

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Il prépara son coup de longue main et dressa ses batteries dans l’ombre et le silence. Ce n’est pas lui qui fait rien à la légère. Campana vivait en joie, allait, venait, donnait à dîner et achetait des statues suivant son ordinaire, tandis que le cardinal négociait un emprunt chez M. de Rothschild, se mettait en mesure de couvrir le déficit, et dictait au procureur fiscal une accusation de péculat.

La justice ou du moins la disgrâce tomba comme la foudre sur le pauvre marquis. De son palais à sa prison, il n’y eut qu’une enjambée. Il se frottait les yeux et se demandait en bonne foi si ce déplacement n’était pas un rêve. On l’aurait fait rire en lui disant qu’il courait quelque danger. « Crime de péculat ! » Le péculat est le crime d’un fonctionnaire qui détourne clandestinement les deniers publics pour son profit particulier. Or, il n’avait rien pris clandestinement, et il s’était ruiné de fond en comble. Donc il écrivait des sonnets dans sa prison, et quand un artiste venait le voir, il lui commandait quelque chose.

Un jeune avocat le défendit avec éloquence, et le tribunal le condamna à vingt ans de travaux forcés. À ce compte, on aurait dû couper la tête aux ministres qui l’avaient laissé faire. Mais les agneaux du clergé ne se mangent pas entre eux.

L’avocat du marquis fut condamné pour l’avoir trop bien défendu. On lui interdit le barreau pour trois mois.

Vous pourriez supposer que Campana fut flétri par