Page:About - La Question romaine.djvu/178

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ouvrages de l’esprit, lors même qu’on n’en tire aucun profit matériel, sont l’honneur d’un pays, la splendeur d’un siècle et la gloire d’un souverain. Tous les princes de l’Europe, le pape excepté, bornent leurs vues aux choses de la terre, et font sagement. Sans mettre en doute l’existence d’un autre monde, ils gouvernent leurs sujets comme s’il n’y avait rien à espérer après la vie. Ils s’efforcent de leurs procurer tout le bien-être qu’on peut goûter ici-bas ; ils travaillent à rendre l’homme aussi complet qu’il peut l’être dans l’enveloppe grossière du corps. Nous les traiterions de mauvais plaisants s’il nous faisaient le sort de Job sur son fumier en nous montrant du doigt les béatitudes éternelles.

Mais songez que nos empereurs et nos rois sont des souverains laïques, mariés, pères de famille, personnellement intéressés à l’éducation des enfants et à l’avenir des nations. Un bon pape, au contraire, n’a d’autre intérêt que de gagner le ciel et d’y traîner 139 millions d’hommes après lui. Ses sujets ont donc mauvaise grâce à lui demander si obstinément les avantages temporels que nos princes nous offrent d’eux-mêmes. J’avoue que les écoles à l’usage du peuple sont clairsemées dans le royaume du saint-père ; que l’État fait peu de chose pour les multiplier ou pour les soutenir ; que tout est à la charge des communes, et que souvent même le ministre retranche ce chapitre du budget municipal pour mettre les fonds dans sa poche. Je confesse que l’enseignement secondaire n’existe que