Page:About - La Question romaine.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tyranniser les passants. Mais nous sommes en pays ecclésiastique. D’une part, la pauvreté est chère à Dieu ; de l’autre, l’aumône est une œuvre pie. Si le pape pouvait obtenir qu’une moitié de ses sujets tendît la main et que l’autre moitié y mît un sou, il ferait le salut de tout son peuple. La mendicité, que les souverains laïques guérissent comme une plaie, est arrosée comme une fleur par un gouvernement clérical. Donnez quelque chose à ce faux boiteux qui passe ; donnez à ce manchot de contrebande ; donnez surtout à ce jeune aveugle conduit par son père. Un médecin de mes amis offrait hier de lui rendre la vue par l’opération de la cataracte : le père a poussé les hauts cris et défendu énergiquement son gagne-pain.

Les Romains ne sont pas dupes de leurs pauvres ; ils ont trop d’esprit pour se laisser prendre à l’escroquerie du malheur. Ils mettent pourtant la main à la poche : celui-ci par faiblesse et respect humain, celui-là par ostentation, quelques-uns pour gagner le paradis. Le gouvernement pontifical encourage la mendicité par la protection de ses agents, et la conseille par l’exemple de ses moines.

La prostitution fleurit à Rome et dans toutes les grandes villes de l’État. La police est trop paternelle pour refuser les consolations de la chair à trois millions de personnes, dont cinq ou six mille ont fait vœu de célibat. Mais autant elle a d’indulgence pour le vice, autant elle est sévère pour le scandale. Elle ne permet aux femmes de se conduire légèrement que si