Page:About - La Question romaine.djvu/21

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auguste des deux a perdu nécessairement de son indépendance. Tous les jours, ou peu s’en faut, le souverain pontife est mis en demeure d’opter entre les intérêts généraux de l’Église et les intérêts particuliers de sa couronne. Croyez-vous qu’il soit assez dégagé des choses de ce monde pour sacrifier héroïquement la terre, qui est proche, au ciel qui est loin ? Il ne serait pas homme. D’ailleurs, l’histoire est là. Je ne veux point rappeler les mauvais papes, qui auraient vendu le dogme de la Sainte-Trinité pour quatre lieues de pays : c’est un argument de tactique déloyale, et nous sommes trop délicats pour faire servir les mauvais papes à la confusion des médiocres. Mais, si le pape a légalisé le parjure de François Ier, après le traité de Madrid, était-ce pour faire respecter la moralité du saint-siège, ou pour rallumer une guerre utile à sa couronne ?

S’il a organisé le trafic des indulgences et jeté dans l’hérésie une moitié de l’Europe, était-ce pour multiplier le nombre des catholiques ou pour doter une demoiselle ?

S’il a fait alliance avec les protestants de Suède pendant la guerre de Trente ans, était-ce pour montrer le désintéressement de l’Église, ou pour abaisser la maison d’Autriche ?

S’il a excommunié Venise, en 1606, était-ce pour attacher plus solidement la République à l’Église, ou pour servir les rancunes de l’Espagne contre les premiers alliés d’Henri IV ?

S’il a révoqué l’institution des Jésuites, était-ce pour