Page:About - La Question romaine.djvu/215

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viteur ! Ceux qui les humilient aujourd’hui seraient fiers de leur témoigner du respect, car les nations sont enclines à s’admirer elles-mêmes dans la personne de leurs armées.

— Combien de temps ?

— Toujours. La gloire acquise est un capital qui ne s’épuise jamais. Toujours aussi les régiments conserveraient l’esprit d’honneur et de discipline qu’ils auraient rapporté de la guerre. Vous ne savez pas, monseigneur, ce que c’est qu’une idée incarnée dans un régiment. Il y a tout un monde de souvenirs, de traditions et de vertus qui circulent, invisibles et présentes dans cette réunion d’hommes. C’est le patrimoine spirituel du corps ; les vétérans ne l’emportent pas avec leur congé, les conscrits en héritent dès leur arrivée. On change le colonel, les officiers et tous les soldats l’un après l’autre, et l’on s’aperçoit qu’on a toujours le même régiment, parce que le même esprit voltige toujours dans les plis du même drapeau. Faites quatre bons régiments d’hommes choisis, payés, honorés et passés au feu : ils dureront aussi longtemps que Rome, et Mazzini lui-même ne prévaudra point contre leur courage.

— Ainsi soit-il ! Et que le ciel vous entende !

— La besogne est à moitié faite, monseigneur, si vous m’avez entendu. Nous ne sommes pas loin du Vatican, où siège le véritable ministre des armes.

— Il va me faire une nouvelle objection.

— Et laquelle ?