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XIX
LES INTÉRÊTS MATÉRIELS

« Moi, disait un gros Napolitain, je me soucie de la politique comme d’une pelure d’orange. Je veux croire que nous avons un mauvais gouvernement, puisque tout le monde le dit, et surtout parce que le roi n’ose pas se montrer. Mais mon grand-père a gagné vingt mille ducats dans une fabrique ; mon père a doublé son capital dans une boutique ; j’ai acheté une terre qui me rapporte six pour cent, entre les mains d’un fermier. Je fais quatre repas tous les jours, je me porte bien, je pèse deux cents livres, et le soir, à souper, quand j’ai bu mon troisième verre de vin de Capri, il faut, bon gré mal gré, que je crie Vive le Roi ! »

Un pourceau, qui traversait la rue, inclina la tête en signe d’approbation.

L’école du pourceau n’est pas nombreuse en Italie, quoi que les voyageurs superficiels aient pu vous conter sur ce chapitre. La nation la mieux douée de l’Europe se persuadera difficilement que le but de la vie est de faire quatre repas tous les jours.