Page:About - La Question romaine.djvu/227

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ment le cultiver sans hommes ? Il est désert parce qu’il est malsain : comment les hommes viendraient-ils l’habiter, quand il y va de leur vie ? Assainissez-le d’abord, il se peuplera de lui-même, et les habitants se hâteront de le cultiver ; car il n’y a pas de sol plus fertile au monde. »

Un autre répond : « Vous n’y êtes pas. Vous prenez l’effet pour la cause et la cause pour l’effet. Le pays est malsain parce qu’il est inculte. Les détritus végétaux, accumulés les uns sur les autres durant des siècles, fermentent en été sous les rayons du soleil. Le vent passe, enlève une provision de miasmes subtils, insaisissables à l’odorat et pourtant meurtriers. Si toutes ces plaines étaient labourées deux ou trois fois, si l’on faisait pénétrer l’air et la lumière jusque dans les profondeurs du sol, la fièvre qui couve sous les grandes herbes s’évaporerait bientôt, et ne reviendrait plus. Amenez les charrues, et le premier fruit que vous récolterezsera la santé. »

Un troisième répond aux deux premiers : « Vous avez raison l’un et l’autre. Le pays est malsain parce qu’il est inculte, et inculte parce qu’il est malsain. C’est un cercle vicieux dont nous ne sortirons jamais. C’est pourquoi laissons aller les choses, et quand la saison des fièvres sera venue, allons prendre le frais dans la montagne, sous les beaux arbres de Frascati. »

Si le dernier orateur n’était pas un prélat, j’en serais bien étonné. Mais prenez garde, monseigneur ! Frascati, qui était renommé autrefois pour son air pur, ne