Page:About - La Question romaine.djvu/50

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sont comme les enseignes de la naïveté publique. Après un quart d’heure de promenade, vous débouchez sur la grande place. Une demi-douzaine d’employés civils, assis en rond sur des chaises ; bâillent à l’unisson devant la porte d’un café. Vous vous asseyez avec eux ; ils vous demandent des nouvelles du roi Louis-Philippe ; vous leur demandez quelle est l’épidémie qui a dépeuplé le pays. Mais bientôt une trentaine de marchands et de marchandes viennent étaler sur le pavé un assortiment de fruits, de légumes et de salades. Où sont les acheteurs qui payeront tous ces biens de la terre ? Les voici. La nuit approche, toute la population revient à la fois du travail des champs. Elle est belle, elle est forte, elle ferait de beaux régiments. Tous ces hommes à demi vêtus, qui rentrent avec une pioche sur le dos, se sont levés ce matin deux heures avant le soleil pour sarcler un petit champ ou remuer la terre autour de quelques oliviers. Plus d’un a son domaine à six kilomètres du village ; il y va tous les jours avec son enfant et son cochon. Le cochon n’est pas gras ; l’homme et l’enfant sont fort maigres, cependant ils sont gais ; ils ont cueilli des fleurs sur le chemin ; le fils est couronné de roses comme Lucullus à table. Le père achète deux salades avec une galette de maïs, elles feront le souper de la famille. On dormira par là-dessus, si les puces ne s’y opposent pas. Voulez-vous suivre ces pauvres gens chez eux ? ils vous feront bon accueil, et le premier mot qu’ils vont vous dire sera pour vous inviter à souper. Leur mobilier est bien simple,