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VI
LA CLASSE MOYENNE

La classe moyenne est, sous tous les climats et dans tous les siècles, le fond solide des États. Elle représente non-seulement la richesse et l’indépendance, mais la capacité et la moralité d’un peuple. Entre l’aristocratie qui met son orgueil à ne rien faire, et la plèbe qui travaille pour ne pas mourir de faim, la bourgeoisie s’achemine librement vers un avenir de fortune et de considération. Quelquefois la classe élevée est hostile au progrès parce qu’elle en a peur ; trop souvent la classe inférieure y est indifférente, faute de comprendre ce qu’elle y pourrait gagner ; jamais la classe moyenne n’a cessé d’y tendre de toutes ses forces, par un instinct irrésistible, et même au péril de ses intérêts les plus chers. M. Guizot nous a montré l’empire romain périssant faute de classe moyenne au Ve siècle de notre ère. Et ne voyons-nous pas nous-mêmes avec quelle impétuosité de progrès la France a grandi de jour en jour depuis la révolution bourgeoise de 1789 ?