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Louis XVII entre Louis XVI et Louis XVIII ; mais dans cette galerie historique, il n’est pas plus question de Napoléon ou de Louis-Philippe que de Nana-Sahib ou de Marat.

Une ville si respectueuse du passé, si fidèle au culte des bons souvenirs, est l’asile naturel de tous les rois tombés de leur trône. C’est à Rome qu’ils viennent bassiner leur contusions et panser les blessures de leur orgueil. Ils y vivent doucement, au milieu des serviteurs qui leur sont restés fidèles. Une petite cour, assemblée dans leur antichambre, les couronne à huis clos, les appelle Majestés au saut du lit, et les encense dans leur cabinet de toilette. Les nobles romains et les étrangers de distinction vivent avec eux dans une intimité inégale, s’humiliant pour qu’on les relève, et semant beaucoup de vénération pour récolter un peu de familiarité. Le pape et les cardinaux leur prodiguent, pour le principe, des égards qu’ils leur refuseraient peut-être sur le trône. En résumé, le roi le plus meurtri, le plus contus, le plus froissé par des sujets ingrats n’a qu’à se réfugier à Rome : avec un peu d’imagination et beaucoup d’écus, il se persuadera qu’il règne sur des peuples absents.

Les bouleversements qui ont clos le XVIIIe siècle et inauguré le XIXe, ont envoyé ici des colonies entières de têtes couronnées. Les modifications survenues dans la société européenne y ont amené quelques hôtes beaucoup moins illustres, et qui n’appartenaient pas même à la noblesse de leur pays. Il est certain que la