Page:About - La Question romaine.djvu/93

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est un beau monument, et le cardinal un homme de beaucoup d’esprit.

Puis, c’est une douairière de province, adonnée aux pratiques de la plus haute dévotion. Elle a vu toutes les cérémonies de Pâques ; elle s’est approchée tout près du pape ; elle trouve qu’il bénit d’une façon sublime. La bonne dame a mis son voyage à profit pour se procurer des reliques. Elle emporte un petit os de sainte Perpétue et une parcelle de la vraie croix. Mais ce n’est pas tout, il lui faut le rameau du pape, le véritable rameau que le saint-père a tenu dans sa main. C’est chez elle une idée fixe, une question de salut ; elle ne doute pas que ce morceau de bois ne lui ouvre les portes du paradis. Elle a fait sa demande à un curé, qui la transmettra à un monsignor, qui la fera parvenir à un cardinal. À force d’insistance et de naïveté, elle finira par toucher quelqu’un, elle aura son rameau, et elle espère bien que toutes les dévotes de sa paroisse en crèveront de dépit.

Dans ces fournées de voyageurs pour rire, il se trouve toujours quelques ecclésiastiques. En voici un de notre pays ; vous l’avez rencontré en France ; ne vous semble-t-il pas un peu changé ? À l’ombre de son clocher, au milieu de ses ouailles, sur son terrain, chez lui, c’était l’homme le plus doux, le plus modeste et le plus timide. Il saluait bien bas M. le maire et les autorités les plus microscopiques. À Rome, son chapeau paraît cloué sur sa tête ; on dirait même, Dieu me pardonne ! qu’il penche légèrement sur l’oreille. Comme sa