Page:About - La Question romaine.djvu/95

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vait tarder à savoir. Mon honorable interlocuteur me salua du plus beau, du plus formel, du plus éclatant démenti. Il m’accusa de calomnier impudemment une administration innocente, de propager des mensonges forgés à plaisir par les ennemis de la religion. Sa parole tombait de si haut que j’en fus terrassé, écrasé, confondu et que je me demandai un instant si je n’avais pas menti.

L’histoire que j’avais racontée était celle du jeune Mortara.

Mais je reviens à Rome et à nos voyageurs de pacotille. Ceux que nous avons rencontrés tout à l’heure sont déjà partis, mais nous en trouverons d’autres. Ils se poussent comme les vagues de la mer, et ils se ressemblent tous, comme un flot à un autre flot. Les voici qui font leurs provisions de souvenirs chez les marchands du Cours et de la Via Condotti. Ils s’abattent sur les chapelets à bon marché, sur les mosaïques grossières, sur les bijoux d’or faux, et généralement sur toutes les marchandises dont on a beaucoup pour cinq francs. Ils ne se soucient pas de rapporter quelque chose de beau, mais ils veulent des denrées qu’on ne trouve qu’à Rome, pour prouver à la postérité qu’ils y sont venus. Et ils marchandent comme à la halle ; et cependant lorsqu’ils rentrent à la Minerve avec leur butin, ils s’étonnent que tant d’argent dépensé ne fasse pas un plus gros paquet.

S’ils ne rapportaient chez eux que des chapelets, je n’y verrais pas grand mal ; mais ils rapportent aussi