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PROLOGUE

C’est la première fois, dans notre histoire, que les artistes sont invités à conduire leurs affaires eux-mêmes, en vertu d’une sorte d’Édit de Nantes qui leur permet de créer un État dans l’État.

L’honneur de cette révolution pacifique revient légitimement à deux hommes qui ont fait preuve du détachement le plus méritoire en abdiquant une notable part de leurs droits.

L’ancien régime, le seul que nous ayons connu, était devenu à peu près intolérable. Sous l’autorité nominale du ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, à la barbe d’un sous-secrétaire d’État très compétent, très bienveillant, libéral entre tous les députés de la gauche républicaine, une espèce de coterie irresponsable organisait les expositions, admettait ou repoussait les ouvrages, distribuait la place et la lumière et disposait des récompenses. Il ne restait qu’un dernier pas à faire pour qu’une demi-douzaine de particuliers, étroitement unis entre eux, prissent la place du ministre à l’heure des décorations et au quart d’heure de Rabelais, c’est-à-dire des acquisi-