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PEINTURE D’HISTOIRE

de réunir un conseil de guerre pour prouver au jeune artiste que son drame n’est pas arrivé. Il nous montre un peloton, peut-être même un escadron de cuirassiers qui porte en terre son drapeau. Le sous-lieutenant porte-enseigne a été mortellement frappé, il a rendu l’âme en serrant l’étendard sur sa poitrine. On le soutient sur son cheval, que deux cavaliers à pied conduisent par la bride. Cette mise en scène est pittoresque, elle est dramatique, elle n’a pas le sens commun. Lorsqu’un porte-drapeau est tué, comme la chose ne se passe pas dans une revue, mais dans une bataille, le régiment ne s’occupe point de l’homme qui a payé sa dette à la patrie ; il ne pense qu’au drapeau. On le relève, on le remet dans d’autres mains, aussi fidèles et aussi héroïques, et chacun se met en devoir de le défendre. L’ennemi aurait trop beau jeu s’il suffisait de tuer un porte-enseigne pour provoquer la formation d’un cortège mélancolique et sans défense comme celui que M. Bertrand fait défiler sous nos yeux.