Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sommes gardés nuit et jour : y avez-vous pensé ? »

Je n’y avais pas songé un instant, mais j’étais trop avancé pour reculer devant les obstacles. Je répondis avec une résolution qui m’étonna moi-même : « Le Corfiote ? je m’en charge. Je l’attacherai au pied d’un arbre.

— Il criera.

— Je le tuerai.

— Et des armes ?

— J’en volerai. » Voler, tuer, tout cela me semblait naturel, depuis que j’avais failli lui baiser la main. Jugez, monsieur, de quoi je serais capable si jamais je tombais amoureux !

Mme Simons me prêtait ses oreilles avec une certaine bienveillance, et je crus remarquer qu’elle m’approuvait du regard et du geste. « Cher monsieur, me dit-elle, votre deuxième idée vaut mieux que la première ; oui, infiniment mieux. Je n’aurais jamais pu condescendre à payer une rançon, même avec la certitude de la recouvrer ensuite. Redites-moi donc, s’il vous plaît, ce que vous comptez faire pour nous sauver.

— Je réponds de tout, madame. Je me procure un poignard aujourd’hui même. Cette nuit, nos brigands se coucheront de bonne heure, et ils auront le sommeil dur. Je me lève à dix heures, je garrotte notre gardien, je le bâillonne, et, au besoin, je le tue. Ce n’est pas un assassinat, c’est une exécution : il a mérité vingt morts pour une. À dix heures et demie, j’arrache cinquante pieds carrés de gazon, vous le portez au bord du ruisseau, je construis la digue : total, une heure et demie. Il sera minuit. Nous travaillerons à consolider l’ouvrage, tandis que le vent essuiera notre chemin. Une heure sonne : je prends made-