Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/142

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interdit : on ne parle pas sous les armes ! Je tentai de la corruption. Je tirai de ma poche l’argent qu’Hadgi-Stavros m’avait rendu et que le capitaine avait oublié de me prendre. Je le distribuai aux quatre points cardinaux de mon logis. Les murs sombres et renfrognés prirent une physionomie riante, et mon cachot fut illuminé comme d’un rayon de soleil. Mais, cinq minutes plus tard, le brigadier vint relever les sentinelles ; il y avait juste deux heures que j’étais prisonnier ! La journée me parut longue, la nuit éternelle. Le capitaine s’était adjugé du même coup ma chambre et ma couche, et le rocher qui me servait de lit n’était pas moelleux comme la plume. Une petite pluie pénétrante comme un acide me fit sentir cruellement que la toiture est une belle invention, et que les couvreurs rendent de vrais services à la société. Si parfois, en dépit des rigueurs du ciel, je parvenais à m’endormir, j’étais presque aussitôt réveillé par le brigadier Ianni, qui donnait le mot d’ordre. Enfin, vous le dirai-je ? dans la veille et dans le sommeil, je croyais voir Mary-Ann et sa respectable mère serrer les mains de leur libérateur. Ah ! monsieur, comme je commençai à rendre justice au bon vieux Roi des montagnes ! Comme je retirai les malédictions que j’avais lancées contre lui ! Comme je regrettai son gouvernement doux et paternel ! comme je soupirai après son retour ! comme je le recommandai chaudement dans mes prières ! « Mon Dieu ! disais-je avec ferveur, donnez la victoire à votre serviteur Hadgi-Stavros ! Faites tomber devant lui tous les soldats du royaume ! Remettez en ses mains la caisse et jusqu’au dernier écu de cette infernale armée ! Et renvoyez-nous les brigands pour