Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/145

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qu’à soixante-dix ans passés je suis tombé à grands coups de sabre au milieu des baïonnettes, que j’ai fendu trois ou quatre soldats de ma propre main, et que j’ai fait dix lieues à pied dans la montagne pour revenir ici prendre ma tasse de café. Cafedgi, mon enfant, fais ton devoir : j’ai fait le mien. Mais où diable est Périclès ? »

Le joli capitaine reposait encore sous sa tente. Ianni courut le chercher et l’amena tout endormi, les moustaches défrisées, la tête soigneusement emmaillotée dans un mouchoir. Je ne sais rien de tel pour réveiller un homme qu’un verre d’eau froide ou une mauvaise nouvelle. Lorsque M. Périclès apprit que le petit Spiro et deux autres gendarmes étaient restés sur le terrain, ce fut bien une autre déroute. Il arracha son foulard, et, sans le tendre respect qu’il avait pour sa personne, il se serait arraché les cheveux.

« C’est fait de moi, s’écria-t-il. Comment expliquer leur présence parmi vous ? et en costume de brigands, encore ! On les aura reconnus ; les autres sont maîtres du champ de bataille ! Dirai-je qu’ils avaient déserté pour se mettre avec vous ? Que vous les aviez faits prisonniers ? On demandera pourquoi je n’en avais pas parlé. Je l’attendais pour faire mon grand rapport. J’ai écrit hier soir que je te serrais de près sur le Parnès, et que tous nos hommes étaient admirables. Sainte-Vierge, je n’oserai pas me montrer dimanche à Patissia ! Que va-t-on dire, le 15, au bal de la cour ? Tout le corps diplomatique s’occupera de moi. On réunira le Conseil. Serai-je seulement invité ?

— Au Conseil ? demanda le brigand.

— Non ; au bal de la cour !

— Danseur ! va.