été reconnus ? La nouvelle de l’événement arrivera-t-elle avant nous ? J’irai d’abord au Ministère ; je prendrai l’air du bureau. Personne ne viendra me contredire, puisque les deux compagnies poursuivent leur marche sur Argos. Décidément il faut que je sois là ; je dois payer de ma personne. Soigne tes blessés… Adieu ! »
Il fit un signe à son tambour.
Hadgi-Stavros se leva, vint se placer devant moi avec son filleul, qu’il dominait de toute la tête, et me dit : « Monsieur, voilà un Grec d’aujourd’hui ; moi, je suis un Grec d’autrefois. Et les journaux prétendent que nous sommes en progrès ! »
Au roulement du tambour, les murs de ma prison s’écartèrent comme les remparts de Jéricho. Deux minutes après, j’étais dans la tente de Mary-Ann. La mère et la fille s’éveillèrent en sursaut. Mme Simons m’aperçut la première et me cria :
« Eh bien nous partons ?
— Hélas ! madame, nous n’en sommes pas là !
— Où en sommes-nous donc ? Le capitaine nous a donné parole pour ce matin.
— Comment l’avez-vous trouvé, le capitaine ?
— Galant, élégant, charmant ! Un peu trop esclave de la discipline ; c’est bien son seul défaut.
— Coquin et faquin, lâche et bravache, menteur et voleur ! voilà ses vrais noms, madame, et je vous le prouverai.
— Çà, monsieur, qu’est-ce que la gendarmerie vous a donc fait ?
— Ce qu’elle m’a fait, madame ? Daignez venir avec moi, seulement au haut de l’escalier. »
Mme Simons arriva juste à point pour voir les