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de mariage, et j’en fus bien aise. Mieux valait n’en pas dire un mot que d’en causer en l’air quand nous nous connaissions si peu. La journée s’écoula pour moi comme une heure ; j’entends comme une heure de plaisir. Le lendemain parut un peu long à Mme Simons ; quant à moi, j’aurais voulu arrêter le soleil dans sa course. J’enseignais les premiers éléments de la botanique à Mary-Ann. Ah ! monsieur, le monde ne sait pas ce qu’on peut exprimer de sentiments tendres et délicats dans une leçon de botanique !

Enfin, le mercredi matin, le moine parut sur l’horizon. C’était un digne homme, à tout prendre, que ce petit moine. Il s’était levé avant le jour pour nous apporter la liberté dans sa poche. Il remit au Roi une lettre du gouverneur de la Banque, et à Mme Simons un billet de son frère. Hadgi-Stavros dit à Mme Simons : « Vous êtes libre, madame, et vous pouvez emmener mademoiselle votre fille. Je souhaite que vous n’emportiez pas de nos rochers un trop mauvais souvenir. Nous vous avons offert tout ce que nous avions ; si le lit et la table n’ont pas été dignes de vous, c’est la faute des circonstances. J’ai eu ce matin un mouvement de vivacité que je vous prie d’oublier : il faut pardonner quelque chose à un général vaincu. Si j’osais offrir un petit présent à mademoiselle, je la prierais d’accepter une bague antique qu’on pourra rétrécir à la mesure de son doigt. Elle ne provient pas du brigandage : je l’ai achetée à un marchand de Nauplie. Mademoiselle montrera ce bijou en Angleterre en racontant sa visite à la cour du Roi des montagnes. »

Je traduisis fidèlement ce petit discours, et je