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Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/205

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CHAPITRE VII

JOHN HARRIS


Le Roi contemplait sa vengeance, comme un homme à jeun depuis trois jours contemple un bon repas. Il en examinait un à un tous les plats, je veux dire tous les supplices ; il passait sa langue sur ses lèvres desséchées, mais il ne savait par où commencer ni que choisir. On aurait dit que l’excès de la faim lui coupait l’appétit. Il donnait du poing contre sa tête, comme pour en faire jaillir quelque chose ; mais les idées sortaient si rapides et si pressées, qu’il était mal aisé d’en saisir une au passage. « Parlez donc ! s’écria-t-il à ses sujets. Conseillez-moi. À quoi serez-vous bons, si vous n’êtes pas en état de me donner un avis ? Attendrai-je que le Corfiote soit revenu ou que Vasile élève la voix, du fond de sa tombe ? Trouvez-moi, brutes que vous êtes, un supplice de quatre-vingt mille francs ! »

Le jeune chiboudgi dit à son maître : « Il me vient une idée. Tu as un officier mort, un autre absent, et un troisième blessé. Mets leurs places au concours. Promets-nous que ceux qui sauront le mieux te venger succéderont à Sophoclis, au Corfiote et à Vasile. »

Hadgi-Stavros sourit complaisamment à cette invention. Il caressa le menton de l’enfant et lui dit :

« Tu es ambitieux, petit homme ! À la bonne heure ! L’ambition est le ressort du courage. Va pour un concours ! C’est une idée moderne, c’est