Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/226

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femme qui aurait de l’amour pour moi. Si du moins il savait combien elle est riche ! Les Américains sont des hommes positifs, au moins on le dit. Mais la pauvre innocente ne connaît pas sa fortune. J’aurais dû l’avertir. Maintenant, comment lui faire savoir qu’elle aura quatre millions de dot ? Nous sommes prisonniers d’un Coltzida ! Guérissez-moi donc, par tous les saints du paradis, que j’écrase cette vermine ! »

Je ne suis pas médecin, et je sais de toxicologie le peu qu’on en apprend dans les traités élémentaires ; cependant je me rappelai que l’empoisonnement par l’arsenic se guérit par une méthode qui ressemble un peu à celle du docteur Sangrado. Je chatouillai l’œsophage du malade pour délivrer son estomac du fardeau qui le torturait. Mes doigts lui servirent d’émétique, et bientôt j’eus lieu d’espérer que le poison était en grande partie expulsé. Les phénomènes de réaction se produisirent ensuite ; la peau devint brûlante, le pouls accéléra sa marche, la face se colora, les yeux s’injectèrent de filets rouges. Je lui demandai si un de ses hommes serait assez adroit pour le saigner. Il se banda le bras lui-même et il s’ouvrit tranquillement une veine, au bruit de la fusillée et au milieu des balles perdues qui venaient l’éclabousser. Il jeta par terre une bonne livre de sang et me demanda d’une voix douce et tranquille ce qui lui restait à faire. Je lui ordonnai de boire, et de boire encore, et de boire toujours, jusqu’à ce que les dernières parcelles de l’arsenic fussent emportées par le torrent de la boisson. Tout justement, l’outre de vin blanc qui avait causé la mort de Vasile était encore dans la chambre. Ce vin, étendu d’eau, servit à rendre la vie au Roi. Il