Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/246

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sans les racines, et je l’ai oublié là-haut avec ma boîte de fer-blanc.

— Laissez un dessin de votre plante à Lobster ou à Giacomo. Ils feront un pèlerinage à votre intention dans la montagne. Mais, pour Dieu ! hâtez-vous de mettre votre bonheur en sûreté !

En attendant, mon bonheur n’arrivait pas au bal, et je me tuais les yeux à dévisager toutes les danseuses. Vers minuit, je perdis l’espérance. Je sortis du grand salon, et je me plantai mélancoliquement devant une table de whist, où quatre joueurs habiles faisaient courir les cartes avec une dextérité admirable. Je commençais à m’intéresser à ce jeu d’adresse, lorsqu’un éclat de rire argentin me fit bondir le cœur. Mary-Ann était là derrière moi. Je ne la voyais pas, et je n’osais me retourner vers elle, mais je la sentais présente, et la joie me serrait la gorge à m’étouffer. Ce qui causait son hilarité, je ne l’ai jamais su. Peut-être quelque costume ridicule : on en rencontre en tout pays dans les bals officiels. L’idée me vint que j’avais une glace devant moi. Je levai les yeux, et je la vis, sans être vu, entre sa mère et son oncle, plus belle et plus radieuse que le jour où elle m’était apparue pour la première fois. Un triple collier de perles caressantes ondulait mollement autour de son cou et suivait le doux contour de ses épaules divines. Ses beaux yeux scintillaient au feu des bougies, ses dents riaient avec une grâce inexprimable, la lumière jouait comme une folle dans la forêt de ses cheveux. Sa toilette était celle de toutes les jeunes filles ; elle ne portait pas, comme Mme  Simons, un oiseau de paradis sur la tête, mais elle n’en était que plus belle ; sa jupe était relevée par quelques bouquets de fleurs naturelles ; elle