Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/37

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percer des pièces d’argent, les cousent ensemble en forme de casque, et s’en coiffent aux jours de gala. Elles portent leur dot sur la tête. Les filles de la ville la dépensent chez les marchands, et la portent sur tout le corps.

Photini était en pension à l’Hétairie. C’est, comme vous savez, une maison d’éducation établie sur le modèle de la Légion d’honneur, mais régie par des lois plus larges et plus tolérantes. On y élève non seulement les filles des soldats, mais quelquefois aussi les héritières des brigands.

La fille du colonel Jean savait un peu de français et d’anglais ; mais sa timidité ne lui permettait pas de briller dans la conversation. J’ai su plus tard que sa famille comptait sur nous pour la perfectionner dans les langues étrangères. Son père, ayant appris que Christodule hébergeait des Européens honnêtes et instruits, avait prié le pâtissier de la faire sortir tous les dimanches et de lui servir de correspondant. Ce marché paraissait agréer à Christodule, et surtout à son fils Dimitri. Le jeune domestique de place dévorait des yeux la pauvre pensionnaire, qui ne s’en apercevait pas.

Nous avions fait le projet d’aller tous ensemble à la musique. C’est un beau spectacle, que les Athéniens se donnent à eux-mêmes tous les dimanches. Le peuple entier se rend, en grands atours, dans un champ de poussière, pour entendre des valses et des quadrilles joués par une musique de régiment. La cour n’y manquerait pas pour un empire. Après le dernier quadrille, chacun retourne chez soi, l’habit poudreux, le cœur content, et l’on dit : « Nous nous sommes bien amusés. »