Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/56

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qu’elle montait ; c’était le Psari, un cheval blanc du manège de Zimmermann. Son amazone était noire ; celle de Mme Simons, qui me fermait l’horizon, était d’un vert bouteille assez excentrique pour témoigner de l’indépendance de son goût. Mme Simons avait un chapeau noir, de cette forme absurde et disgracieuse que les hommes ont adoptée en tout pays ; sa fille portait le feutre gris des héroïnes de la Fronde. L’une et l’autre étaient gantées de chamois. La main de Mary-Ann était un peu grande, mais admirablement faite. Moi je n’ai jamais pu porter de gants. Et vous ?

Le village de Castia se trouva désert comme le khan de Calyvia. Dimitri n’y pouvait rien comprendre. Nous descendîmes de cheval auprès de la fontaine, devant l’Église. Chacun de nous s’en alla frapper de porte en porte : pas une âme. Personne chez le papas, personne chez le parèdre. L’autorité avait déménagé à la suite de la population. Toutes les maisons de la commune se composent de quatre murs et d’un toit, avec deux ouvertures, dont l’une sert de porte et l’autre de fenêtre. Le pauvre Dimitri prit la peine d’enfoncer deux ou trois portes et cinq ou six volets pour s’assurer que les habitants n’étaient pas endormis chez eux. Tant d’effractions ne servirent qu’à délivrer un malheureux chat oublié par son maître, et qui partit comme une flèche dans la direction des bois.

Pour le coup, Mme Simons perdit patience. « Je suis Anglaise, dit-elle à Dimitri, et l’on ne se moque pas impunément de moi. Je me plaindrai à la légation. Quoi ! je vous loue pour une promenade dans la montagne, et vous me faites voyager sur des précipices ! Je vous ordonne d’apporter