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Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/65

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On lui indiqua, par un geste menaçant, que la séance n’était pas levée. Le chef de la bande s’accroupit devant nos dépouilles, appela le bon vieillard, compta l’argent en sa présence et lui remit une somme de quarante-cinq francs ; Mme Simons me poussa le coude : « Vous voyez, me dit-elle, le moine et Dimitri nous ont livrés : on partage avec eux.

— Non, madame, répliquai-je aussitôt. Dimitri n’a reçu qu’une aumône sur ce qu’on lui avait volé. C’est une chose qui se fait partout. Aux bords du Rhin, lorsqu’un voyageur s’est ruiné à la roulette, le fermier des jeux lui donne de quoi retourner chez lui.

— Mais le moine ?

— Il a perçu la dîme du butin, en vertu d’un usage immémorial. Ne le lui reprochez pas, mais plutôt sachez-lui gré d’avoir voulu nous sauver quand son couvent était intéressé à notre capture. »

Cette discussion fut interrompue par les adieux de Dimitri. On venait de lui rendre sa liberté. « Attends-moi, lui dis-je, nous retournerons ensemble. » Il hocha tristement la tête et me répondit en anglais, pour être compris de ces dames :

« Vous êtes prisonniers pour quelques jours, et vous ne reverrez pas Athènes avant d’avoir payé rançon. Je vais avertir le milord. Ces dames ont-elles des commissions à me donner pour lui ?

— Dites-lui, cria Mme Simons, qu’il coure à l’ambassade, qu’il aille ensuite au Pirée trouver l’amiral, qu’il se plaigne au Foreign Office, qu’il écrive à lord Palmerston ! On nous arrachera d’ici par la force des armes ou par l’autorité de la poli-