Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/77

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voir morte que mariée à un Grec. Fille de roi, tu ne peux épouser qu’un prince. Je ne dis pas un prince de contrebande, comme tous nos Phanariotes qui se vantent de descendre des empereurs d’Orient, et dont je ne voudrais pas pour mes domestiques, mais un prince régnant et couronné. On en trouve de fort convenables en Allemagne, et ma fortune me permet de t’en choisir un. Si les Allemands ont pu venir régner chez nous, je ne vois pas pourquoi tu n’irais pas régner chez eux à ton tour. Hâte-toi donc d’apprendre leur langue, et dis-moi dans ta prochaine lettre que tu as fait des progrès. Sur ce, mon enfant, je t’embrasse bien tendrement, et je t’envoie, avec le trimestre de ta pension, mes bénédictions paternelles. »

Mme Simons se pencha vers moi et me dit à l’oreille : « Est-ce notre sentence qu’il dicte à ses brigands ? »

Je répondis « Non, madame. Il écrit à sa fille.

— À propos de notre capture ?

— À propos de piano, de crinoline et de Walter Scott.

— Cela peut durer longtemps. Va-t-il nous inviter à déjeuner ?

— Voici déjà son domestique qui nous apporte des rafraîchissements. »

Le cafedgi du Roi se tenait devant nous avec trois tasses à café, une boîte de rahat-loukoum et un pot de confitures. Mme Simons et sa fille rejetèrent le café avec dégoût, parce qu’il était préparé à la turque et trouble comme une bouillie. Je vidai ma tasse en vrai gourmet de l’Orient. Les confitures, qui étaient du sorbet à la rose, n’obtinrent qu’un succès d’estime, parce que