Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/80

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« Camp du roi, 30 avril 1856.
« Messieurs,

« Le gérant que vous avez honoré de votre confiance vient aujourd’hui, pour la quatorzième fois, soumettre à votre approbation le résumé de ses travaux de l’année. Depuis le jour où l’acte constitutif de notre société fut signé en l’étude de maître Tsappas, notaire royal à Athènes, jamais notre entreprise n’a rencontré plus d’obstacles, jamais la marche de nos travaux n’a été entravée par de plus sérieuses difficultés. C’est en présence d’une occupation étrangère, sous les yeux de deux armées, sinon hostiles, au moins malveillantes, qu’il a fallu maintenir le jeu régulier d’une institution éminemment nationale. Le Pirée envahi militairement, la frontière de Turquie surveillée avec une jalousie qui n’a pas de précédents dans l’histoire, ont restreint notre activité dans un cercle étroit, et imposé à notre zèle des limites infranchissables. Dans cette zone rétrécie, nos ressources étaient encore réduites par la pénurie générale, la rareté de l’argent, l’insuffisance des récoltes. Les oliviers n’ont pas tenu ce qu’ils promettaient, le rendement des céréales a été médiocre, et la vigne n’est pas encore délivrée de l’oïdium. Dans ces circonstances, il était bien difficile de profiter de la tolérance des autorités et de la douceur d’un gouvernement paternel. Notre entreprise est liée si étroitement aux intérêts du pays, qu’elle ne peut fleurir que dans la prospérité générale, et qu’elle ressent le contre-coup de toutes les calamités publiques ; car à ceux qui n’ont rien on ne prend rien, ou peu de chose.

« Les voyageurs étrangers, dont la curiosité est si utile au royaume et à nous, ont été fort rares.