Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/136

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130\tTERRAINS\tA\tVENDRE. ment, si je leur dis que c'est une Romaine aux petits pieds. La glace fut bientôt rompue, au grand étonnement de M. Gaillard, qui ne reconnaissait plus sa fille. Jamais il ne l’avait vue aussi gaie, aussi parleuse, aussi vivante. Rosalie se livrait sans contrainte au penchant d’un amour permis. Elle courait dans le jar¬ din, elle sautait dans l'atelier, elle touchait à tout, elle

questionnait, riait et babillait comme une grive en vendange. Elle n'avait plus que quatorze ans : sa jeu¬ nesse, longtemps comprimée, éclatait. Henri, un peu plus retenu, vivait en extase. Après toutes les priva¬ tions auxquelles la misère et l’économie 1 avaient con damné, tout lui tombait du ciel en même temps, for- ■ ■ - tune et bonheur. Il avait formé, en quinze ans, quel- i ( » * * ques liaisons agréables qui lui avaient coûté passable¬ ment cher, et il s'étonnait un peu d’être aimé pour rien par une fille plus jolie et plus spirituelle que toutes celles qu’il avait connues. 11 avait bien prévu l! la possibilité d’un mariage d’argent, mais comme un so dat en campagne prévoit les Invalides ; il ne sup¬ posait pas la fortune si belle, et il n’avait jamais en¬ tendu dire qu'un million eût de si petites mains et de

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si grands yeux. La joie illumina sa figure un peu * • . * * * mois. Lorsqu'il prenait son violon, dans les intervalles de la pose, et qu’il jouait les plus jolis motifs dps Noces de Jeannette, ou les plus joyeuses mélodies des effacée, et il fut véritablement beau pendant deux