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Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/200

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19il\tLE BUSTE. semblaient toutes à la première, il en faudrait plus de cent. Ce singulier travail dura jusqu'à la fin de juin : le buste n’avait pas figure humaine. Mme Michaud soup¬ çonna, au bout d’un certain temps, que l’artiste était peut-être un peu dérangé par la compagnie. Elle fit part de ses réflexions à Victorine ; mais Victorine ne voulut pas entendre de cette oreille-là. Elle était sûre que le bel inconnu ne connaissait rien à la sculpture, et elle l’aidait de son mieux à cacher son ignorance. « Que deviendrions-nous, pensait-elle, s’il était con- traiut d’avouer la vérité ? » Elle se faisait un devoir de déranger sa tante, d’interrompre Daniel et d’abréger les séances. Le pauvre artiste songeait avec terreur à ’ + l’échéance du 15 juillet, et maudissait cordialement tous les importuns, sans excepter Victorine. Ce qui étonnait un peu l’incomparable Atalante, c’é¬ tait le silence obstiné de son amant. « Hélas I se disait- elle, à quoi nous serviront toutes ses ruses et les miennes, s’il ne se décide pas à me dire qu’il m’aime ? A-t-il peur de s ouvrir à moi ? Je garderais si bien " * J son secret! » Quelquefois, pour le piquer de jalousie, elle affectait de bien traiter M- Lefébure ou M. de Mar- sal : elle devenait coquette pour l’amour de lui ! Ces caprices de jeune fille causaient de grandes révolu¬ tions dans le château. M. de Marsal écrivait des lettres triomphantes à sa famille ; M. Lefébure songeait à faire ses malles ; Mme Michaud achetait une calèche