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Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/205

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LE BUSTE,\t199 prétendants. Lorsqu’ils apprirent que Victorine avait été de la partie, leur surprise tourna à la stupéfaction, et ils se demandèrent quel rôle on leur faisait jouer. Ils n’avaient jamais eu une grande sympathie pour M. Fert, mais ils commençaient à e prendre sérieuse¬ ment en aversion. Certes , Mme Michaud avait le droit de commander son buste à qui bon lui semblait, mais promener sa nièce nuitamment avec un jeune homme de trente ans au plus, ceci passait la plaisanterie. Ce sculpteur, après tout, n’était pas un aigle. Ses princi¬ paux chefs-d’œuvre étaient juchés sur des pendules; il travaillait depuis quinze jours à un malheureux buste sans parvenir à l’ébaucher. Sa conversation n’était rien moins que pétillante ; i ì parlait peu, et l’esprit ne l’étouffait pas. Mme Michaud devrait bien se tenir en garde contre ses engouements d’une heure. Elle exposait les intérêts les plus sérieux de sa fa¬ mille sur le tapis vert du paradoxe et du caprice : bref, il était temps que le marquis revînt au château. En attendant, tout le monde fut exact à l’heure de la séance. Daniel, passablement découragé, enleva pour la quinzième fois les linges humides qui recou¬ vraient le buste informe de Mme Michaud. M. Lefé-

bure et M. de Marsal le regardaient d’un air de pitié maussade et malveillante. Victorine, un peu troublée par 1 attente de son père, se demandait avec anxiété comment le pauvre garçon sortirait de l’impasse où il s’était fourré. Elle gourmandait sa tante et la rap- t / ■ •\t—.—