■i 210 LE BUSTE. lui appliqua vingt coups de bouton en moins de temps que je n’en mets à le raconter : c’était une grêle. En poussant chaque botte, il murmurait intérieurement : « i'iens! tiens! tiens! voilà pour ta sculpture ! voilà pour ta musique! voilà pour t’apprendre à voler comme un hanneton au milieu de mes amours et de mes affaires ! »\t■ Daniel empochait les coups sans rompre, et chaque fois qu’il était touché, il disait, conformément aux règles du jeu : « Touche—touche—touche! » Après cinq minutes de ce petit travail, M. Lefébure s’arrêta pour reprendre haleine et pour éponger son front, qui ruisselait. Daniel n’avait ni plus chaud ni plus froid qu’au moment où il avait croisé le fer. Il regarda la figure pourpre de son adversaire, et dit en lui-même : « Maintenant, je sais ton jeu ; tu ne me toucheras plus ! » Le fait est que ce gros homme sanguin tirait fort mal. Sa furie française pouvait déconcerter un novice, et sa main était assez vite pour surprendre un mala¬ droit ; mais il se découvrait à chaque instant, il atta¬ quait par des coupés, il ripostait avant de parer, il s’éblouissait lui-même, partait en aveugle, et ne voyait ni son fer ni le fer de l’adversaire. « A mon tour! » dit l’artiste. 11 soutint de pied ferme un second assaut plus fu¬ rieux que le premier, para, riposta, fit chaque chose ■y à
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