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260 GORGEON. sifflets de sucre, le grincement des crecelles et les détonations des pétards arrivaient confusément à leurs oreilles. Puis ils marchèrent dans un silence charmant, éclairés par la lune et interrompus de minute en mi¬ nute par la voix d'un rossignol. Gorgeon se sentit ému : il laissa tomber deux bonnes grosses larmes. Je vous jure qu’un poète élégiaque n’aurait pas mieux pleuré ; et la preuve, c’est que Pauline se mit à rire en sanglotant. « Comme ils s’amuseraient, dit-elle, s’ils nous voyaient pleurer ainsi ! 11 me semble que nous som¬ mes à deux cents lieues du théâtre.

  • — Malheureusement, nous y rentrons dans t;'ois

jours. — Bah! la vie n’est pas faite pour pleurer. Nous ne nous aimerons pas moins pour nous aimer gaie¬ ment. » Gorgeon n’était pas jaloux. Lorsqu’il reparut au Palais-Royal, il ne se scandalisa point d’entendre les vieux comédiens tutoyer sa femme comme ils en avaient l’habitude. Elle était presque leur fille adop¬ tive ; ils l’avaient vue toute petite dans les coulisses, et elle se souvenait d'avoir dansé sur leurs genoux. Ce qui le gênait davantage, c’était de voir à l’or¬ chestre les anciens admirateurs de Pauline, la lor¬ gnette à la main. Il eut des distractions, et il man¬ qua une ou deux fois de mémoire. On s’en aperçut et il fut un peu moqué par ses camarades. L’un pré-