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Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/274

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GORGEON. père ne lui était ni d'un grand secours ni d’une grande consolation : il buvait. Dans sa retraite, elle se consumait en projets inutiles et en résolutions con¬ tradictoires. Tantôt elle voulait vendre tout ce qu’elle possédait, s’embarquer pour Pétersbourg et se jeter dans les bras de son mari ; tantôt elle trouvait plus juste et plus conjugal d’aller lui arracher les yeux. Puis elle se ravisait ; elle voulait rester à Paris, don¬ ner l’exemple de toutes les vertus, édifier le monde par son veuvage et mériter le nom de Pénélope du Palais-Royal. Son imagination lui conseilla aussi A d’autres coups de tête, mais elle ne s’y arrêta pas. Gorgeon, peu de temps après ses débuts, lui écri¬ vit une lettre pleine de tendresse. Sa colère était re¬ froidie , il n’avait plus ses rivaux sous les yeux, il voyait sainement les choses; il pardonnait, il deman¬ dait pardon, il appelait sa femme auprès de lui : il lui avait trouvé un engagement. Par malheur, ces paroles de paix arrivèrent dans un moment où Pauline, en¬ tourée de trois bonnes amies, attisait sa haine contre son mari. Elle fit du drame, et brûla la lettre sans la lire. Gorgeon, qui comptait sur une réponse, fut froissé et n’écrivit plus. En novembre, le ressentiment de Pauline , entre¬ tenu par ses amies, était encore dans toute sa force. Un matin, vers onze heures, elle s’habillait devant son armoire à glace pour se rendre à une répétition. Sa cousine était allée au marché Saint-Honoré, en f;