Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/282

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276\tGORGEON, Gorgeon une lettre tendre et suppliante où elle ra¬ contait fidèlement tout ce qui s’était passé. « Je ne sais plus que devenir, disait-elle; je suis seule, sans appui et sans conseil. Le jour où nous nous sommes mariés, tu m’as promis aide et protection; viens à mon secours ! » Elle glissa dans l’enveloppe une pe¬ tite fleur sèche conservée entre deux feuillets de son Molière : c’était une violette blanche de Fontainebleau. Malheureusement, l’homme qui remit cette lettre à Gorgeon portait la livrée du prince VasiJikof. Le co¬ médien s’imagina qu'on ne lui écrivait que pour le braver, et il brûla toutes ces prières sans les lire. Le soir, à sept heures, Pauline se laissa habiller comme une morte. Elle espérait vaguement que le prince aurait pitié d’elle et qu’il lui ferait grâce de sa compagnie; mais en descendant de voiture, de¬ vant la petite porte du vestibule, elle le vit accourir empressé et radieux. Elle le suivit en chancelant jus¬ qu’à sa loge, qui était au niveau de la rampe, et elle se jeta sur un fauteuil, sans voir que toute la salle avait les yeux braqués sur elle. Le théâtre était plein : les Russes célébraient la ſète de Noël. La di¬ rection permet au locataire d une loge d’y empiler autant de personnes qu’elle peut physiquement en i contenir. L’hémicycle était littéralement tapissé de têtes qui toutes regardaient la loge de Vasilikof. Lors¬ que le rideau se leva, Pauline fut prise de vertige. i à fl u

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