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LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. 23 II ■i i peine. J’eus beau lui dire que l’amour était un mal contagieux, et que dix-neuf fois sur vingt les passions sincères étaient partagées, il croyait faire exception â toutes les règles. Il se plaçait modestement au dernier rang de l’échelle des êtres, et il voyait dans Mlle Bour¬ gade des perfections au-dessus de l’humanité. Aucun chevalier du bon temps ne s’est fait plus humble et plus petit devant les beaux veux de sa dame. J’essayai de le relever dans sa propre estime en lui révélant les trésors de bonté et de tendresse qui étaient en lui : à toutes mes raisons il répondait en me montrant sa ligure, avec une petite grimace résignée qui m’attirait des larmes dans les yeux. En co moment, si j’avais été femme, je l’aurais aimé. « Voyons, lui dis-je, comment est-elle avec toi?

  • — Elle n’est jamais avec moi. Je suis dans la cham¬

bre, elle aussi, et cependant nous ne sommes pas en¬ semble. Je lui parle, elle me répond, mais je ne puis pas dire que j’aie jamais causé avec elle. Elle ne m’é¬ vite pas, elle ne me cherche pas,... Je crois cepen¬ dant qu’elle m’évite, ou du moins que je lui suis désagréable. Quand on est bâti comme cela ! »\t' Il s’emportait contre sa pauvre personne avec une naïveté charmante. La froideur de Mlle Bourgade pour un être si excellent n’était pas naturelle. Elle ne s’expliquait que par un commencement d’amour ou par un calcul de coquetterie. « Mlle Bourgade sait-elle que tu as hérité ?