Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/31

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■ LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. 25 Debay ; il aime Mlle votre fille, et il a l’honneur de vous demander sa main. » Voilà comme nous étions diplomates à l’école nor¬ male. « Asseyez-vous, monsieur, » me dit-elle douce¬ ment. Elle n’était pas surprise de ma démarche, elle s’y attendait ; elle savait que Mathieu aimait sa fille, et elle m’avoua avec une sorte de pudeur maternes e que depuis longtemps sa fil e aimait Mathieu. J’en étais bien sûr 1 Elle avait mûrement réfléchi sur la pos¬ sibilité de ce mariage. D’un coté, elle était heureuse ■ . de confier l’avenir de sa si le à un honnête homme, avant de mourir. Elle se croyait dangereusement ma¬ lade, et attribuait à des causes organiques un affai¬ blissement produit par les privations. Ce qui l'effrayait, c’était l’idée que Mathieu lui-même n’était pas très- robuste, qu’il pouvait un jour prendre le lit, perdre ses leçons et rester sans ressources avec sa femme, peut-être avec ses enfants, car il fallait tout prévoir. J’aurais pu la rassurer d’un seul mot, mais je n’eus garde. J’étais trop heureux de voir un mariage se conclure avec cette sublime imprudence des pau¬ vres qui disent : « Aimons-nous d’abord; chaque our amène son pain! » Mme Bourgade ne discuta con¬ tre moi que pour la forme. Elle portait Mathieu dans son cœur. Elle avait pour lui l’amour de la belle-mère pour son gendre, cet amour à deux de¬ grés, qui est la dernière passion de la femme. ì