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Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/314

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demandait-il, une bourgeoise vient-elle m’offrir sa fille et cent mille francs de rente ? » Je connais bon nombre de jeunes gens qui, à sa place, eussent été moins embarrassés. Ils auraient eu bientôt fait de construire un roman d’amour pour expliquer tout le mystère. Mais Gaston manquait de fatuité, comme Lucile de coquetterie. La seule idée qui lui vint fut que Mme Benoît voulait pour gendre un forgeron bien élevé. « Elle a entendu parler de moi, pensa-t-il ; on lui aura dit un mot de mes recherches et de mes découvertes ; j’étais assez répandu dans le faubourg du temps que je ne connaissais pas encore la sottise et la vanité des relations du monde. Il est évident que cette usine a besoin d’un homme : une mère et sa fille additionnées ensemble ne font pas un maître de forges. Qui sait si les travaux ne sont pas en souffrance, si l’entreprise n’est pas en péril ? Eh bien, morbleu ! nous la sauverons. Outreville à la rescousse ! comme disaient nos aïeux, ces artisans héroïques qui forgeaient leurs épées eux-mêmes. » Là-dessus, il refit de l’encre de Chine et termina consciencieusement son lavis.

Le lendemain il se promena à grands pas dans le jardin du Luxembourg, jusqu’à l’heure du déjeuner. Après midi, il s’enferma dans un cabinet de lecture, où il feuilleta machinalement tous les journaux du jour et toutes les revues du mois : depuis longtemps il n’avait fait pareille débauche. « Il est heureux, pen-