Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouvelle mère, et apprit avec une vive satisfaction qu’il y avait beaucoup de marquis jeunes, bien faits, et qui ne portaient point d’habits à paillettes.

Le lendemain de l’arrivée de Mme Benoît, son amie, Mme Mélier, vint lui annoncer le prochain mariage de sa fille Céline avec M. Jordy, raffineur à Paris. M. Jordy était un jeune homme fort riche, et Mme Mélier ne dissimulait pas sa joie d’avoir si bien établi sa fille. Mme Benoît répliqua vivement par l’annonce du prochain mariage de Lucile avec le marquis d’Outreville. On se félicita de part et d’autre, et l’on s’embrassa à plusieurs reprises. Quand Mme Mélier fut partie, Lucile, qui était liée depuis l’enfance avec la future Mme Jordy, s’écria : « Quel bonheur ! si je vais à Paris, je serai tout près de Céline ; elle viendra chez moi, j’irai chez elle ; nous nous verrons tous les jours.

— Oui, mon enfant, répondit Mme Benoît, tu iras chez elle dans ton grand carrosse blasonné, avec tes laquais poudrés à blanc ; mais quant à la recevoir chez toi, c’est autre chose. On se doit à son monde, et l’on est un peu esclave de la société dans laquelle on vit. Lorsqu’une duchesse viendra dans ton salon, il ne faut pas qu’elle s’y frotte à la femme d’un raffineur, d’un homme qui fait des pains de sucre !… Ce n’est pas une raison pour faire la moue. Voyons ! tu recevras Céline le matin, avant midi.

— Dieu ! quel sot pays que ce Paris ! j’aime mieux