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Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/330

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Après la forêt, la forge eut son tour. Gaston avait eu le courage de n’y point mettre les pieds sans Lucile ; mais lorsqu’il vit qu’elle ne méprisait pas le travail, qu’elle connaissait les ouvriers par leurs noms et qu’elle ne craignait point de tacher ses robes, ce fut un redoublement de joie. Il se livra sans contrainte à la passion de sa jeunesse ; il examina les travaux, interrogea les contre-maîtres, conseilla les chefs d’atelier, et enchanta Lucile qui s’émerveillait de le voir si savant et si capable. Mme Benoît, en les voyant rentrer tout poudreux, ou même un peu noircis par la fumée, disait : « Que les enfants sont heureux ! tout leur sert de jouet ! » Pour se délasser de leurs fatigues, ils s’asseyaient au fond du jardin sous une tonnelle de rosiers grimpants, et ils faisaient des projets. Projets de bonheur et de travail, d’amour et de retraite. Ils se promettaient de cacher leur vie au fond des bois d’Arlange comme les oiseaux cachent leur nid au plus fourré d’un buisson ou sur la branche la plus touffue d’un arbre. De Paris, pas un mot ; pas un mot du faubourg et des vanités du monde. Lucile ignorait qu’il y eût d’autres plaisirs ; Gaston l’avait oublié.

Un beau matin, Mme Benoît leur apprit une grande nouvelle : c’était le soir qu’on signait le contrat. Le mariage était fixé au mardi 1er juin ; on s’épouserait la veille à la mairie. Comme il n’est point de plaisirs sans peines, la signature du contrat était précédée