LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t355 h de fleurs éblouissantes, avait un air de fête ; ia maî¬ tresse était en toilette du matin au soir, comme les officiers russes qui ne dépouillent jamais l’uniforme. En attendant que la maison fût montée, Jacquet, trans¬ formé par une livrée neuve, faisait, sous le vestibule, son apprentissage du métier de laquais.
Les cœurs sensibles seront peinés d’apprendre que toute cette dépense fut en pure perte : aucun débiteur ne se présenta chez Mme Benoît. Que voulez-vous í le pli était pris. Ces messieurs et ces dames s’étaient fait une habitude de ne la payer ni en argent ni en politesse, et de ne rien lui rendre, pas même scs vi¬ sites. Elle méditait tristement, derrière un rideau, sur l’ingratitude des hommes, lorsqu’un coupé lancé aii grand trot fit crier harmonieusement le sable de la m\tI\t"\tA\të cour. La jolie veuve sentit son cœur bondir : c’était la première fois qu’une autre voiture que la sienne venait tracer deux ornières'devant sa porte. Le coupé s’arrêta ; un homme encore jeune en descendit. Ce ' . n’était pas un créancier ; c’était cent fois mieux : le s\t■ comte de Preux en personne ! Il disparut sous le ves¬ tibule, et Mme Benoît, avec la promptitude de la fou¬ dre, passa la revue de son salon, jeta un suprême coup d’œil à sa toilette, et prépara les premières pa¬ roles qu’elle aurait à dire : elle avait cependant assez d’esprit pour pouvoir s’en remettre au hasard de l’improvisation. Le comte tarda quelque temps :