Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/375

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LA mère de la marquise.\t369 était affreux, et si je le rencontrais dans la rue, j’en aurais peur. Robert est doux , délicat, tendre : il pleure, ma chère ! Hier, à la nuit tombante, il était assis auprès de moi ; nous faisions des projets ; j’exposais mes petites idées sur l’éducation des en¬ fants. i 1 me laissait parler toute seule, et cachait sa tète dans ses mains, comme pour regarder en lui- même. Quand j’eus fini, il m’embrassa sans rien dire, et je sentis une grosse larme rouler sur ma joue. Que c’est beau, des larmes d’homme! Maman m’aime bien, mais elle ne m’a jamais aimée comme cela. Ce que tu . ne croirais jamais, c’est qu’avec les hommes il est fier, roide et terrible par moments. On m’a conté que l’année dernière nos ouvriers avaient voulu se mettre en grève pour obtenir je ne sais quelle augmentation. Il a su le complot à temps; il a marché droit sur les meneurs, au milieu de cinquante ou soixante hommes mutinés contre lui, et il a fuit rentrer la révolte sous terre. Tout le monde le craint dans la maison, excepté moi : juge si j’ai lieu d’ètre fière! Il me semble que c’est moi qui fais marcher tout ce peuple qui lui obéit. 0 ma Lucile, l’admirable chose que le mariage! La veille on était deux, le lendemain on ne fait plus qu’un ; on a tout en commun, on est les deux moitiés d’une même âme ; on tient ensemble comme ces deux frères siamois qui ne pouvaient se séparer sans mourir. Voici notre chambre : qu’en dis-tu ? Il m’a choisi la tenture comme une robe : bleue, en Thon-