Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. 53 V a tî

— Mais la maison seule en vaut cent mille ! — Elle n’est pas payée, M. Stock était riche il y a cinq ou six ans ; il a tenu un certain rang à Francfort, et sa liquidation lui avait laissé plus de trente mille livres de rente. Mais il est joueur comme le valet de carreau en personne. Il a tout perdu à la roulette, au trente et quarante, et à ces jeux innocents dont l’Aile- magne se sert si bien pour nous dépou ìller. Au com¬ mencement de l’hiver, il lui restait de sa splendeur une brochette achetée à bon marché dans les petites cours du Nord, quelques relations honorables, Ha¬ bitude de la dépense, la fureur du jeu, et une cin¬ quantaine de mille francs. Il a trouvé ingénieux de p acer ce capital sur Dorothée et de venir a Paris jouer son va-tout. Il comptait pêcher en eau trouble, dans ce monde infernal de la Chaussée-d’Antin, un gendre assez riche pour le débarrasser de sa fille, pour le nourrir lui-même et sa femme, et lui donner chaque été quelques rouleaux de louis à perdre au bord du Rhin. N’est-ce pas infâme ? — Prends garde , lui dis-je. Sais-tu comment il * parle de toi en ce moment 'l — Quelle différence! Je ne l’ai pas trompé, moi. Je voulais lui exposer franchement l’état de mes affaires. C est lui qui m a arrêté, qui m’a fermé la bouche. Je sais pourquoi, maintenant, et sa confiance ne m’étonne plus ! C est lui qui m’a entraîné dans le gouffre où nous roulons ensemble.