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À partir de Lyon, où nous perdîmes une heure, le climat s’adoucit, le soleil devint piquant et les arbres fleurirent au bord de la route : vous auriez dit que le printemps accourait au-devant de nous. On nous avait donné des chaufferettes à Paris, on nous offrit des glaces à Valence. Ces transitions paraîtront encore bien plus miraculeuses lorsqu’on pourra s’endormir à la Bastille et s’éveiller en vue du château d’If.

Entre la ville d’Arles et l’étang de Berre, le chemin longe une plaine immense, plus triste que la lande la plus désolée. On l’appelle la Crau ; la nature a pris soin d’y semer des cailloux avec une prodigalité fabuleuse. Les hommes ont essayé çà et là d’y semer autre chose, mais la récolte est encore à venir. Lorsqu’on mesure des yeux cette étendue de sol désespéré, on regrette le temps où rien n’était impossible à la baguette des fées. J’espère que la chimie industrielle, cette fée des temps modernes, saura faire croître le blé depuis les jardins d’Arles jusqu’aux salines de Berre. La question est à l’étude ; je connais même un jeune savant qui se pique de la résoudre.

Mais pardonnez-moi cette station : les chemins de fer en font de bien plus longues.

Les voyageurs qui sortent de la gare descendent à Marseille par de larges allées bordées de belles maisons et plantées de vieux arbres. C’est l’abord d’une grande ville. Le chemin se rétrécit brusquement au bas de la rue Noailles : on fait cent pas à l’ombre, dans une sorte de corridor étranglé. Mais tout à coup l’air, la lumière, l’espace, tout abonde à la fois. Une place monumentale s’arrondit autour de vous deux avenues immenses s’étendent à droite et à gauche. En face, une rue beaucoup plus large