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demandait régulièrement depuis combien de temps ils étaient à Rome. Lorsqu’on lui répondait : « depuis trois semaines », il souriait finement et disait : « allons ! adieu. » Mais si le voyageur avait passé trois ou quatre mois dans la ville, le saint-père lui disait : « au revoir ! »

En effet, tous ceux qui ont connu Rome assez longtemps pour la goûter sont possédés du besoin d’y revenir, comme s’ils y avaient oublié quelque chose d’eux-mêmes. Ils se connaissent entre eux, ou du moins ils se reconnaissent après dix minutes de conversation. Ils échangent une poignée de main maçonnique, comme des hommes qui ont aimé une même personne à quelques années de distance, et qui en ont été également bien traités. Enfin, ils se donnent rendez-vous au Forum, au Vatican, ou à l’éternelle place d’Espagne.

Le directeur actuel de l’Académie, M. Victor Schnetz, est venu ici pour la première fois en 1816 ; il y a près d’un demi-siècle ! Il avait fait le voyage à pied, suivant l’excellente habitude des artistes de ce temps-là. Depuis le jour de son arrivée, il n’a quitté la ville qu’avec l’espérance d’y revenir ; il y a vécu vingt-quatre ans, et il trouve que c’est peu. M. Schnetz est âgé de soixante-douze ans, mais on ne lui en donnerait pas plus de soixante : le climat de Rome est favorable aux peintres comme aux peintures. Cet excellent homme a conservé toute la vigueur de son corps et de son esprit ; il arpente d’un pas également assuré les ruines et les souvenirs de la ville. Aucun Français ne connaît mieux les Romains et n’en est plus connu. La noblesse indigène le regarde comme un des siens ; il a le même train que les princes et la même opinion que les cardinaux. Sa vie intérieure, sauf les jours