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Page:Abrantès - L’Exilé, Une rose au désert, tome 2.djvu/293

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en s’inclinant sur les mains de Mathilde et les mouillant de ces larmes qui font tant de bien ! Oui, je te crois !… que veux-tu que je te dise, moi, à cette preuve d’un amour comme jamais un cœur de femme en donna une ?… il y a dans nos deux vies, ma chère âme, il y a un rapport intellectuel tellement puissant, que je crois qu’elles tiennent l’une à l’autre !… Oui, je crois que, le jour où tu cesserais de vivre, je mourrais aussi… Quelle fête d’amour ce serait, Mathilde ! mourir ensemble… jeunes, pleins de vie !… pleins de cet amour qui double les forces… Tiens, hier on racontait la mort de ces deux jeunes fiancés qui moururent au bal de l’ambassadeur d’Autriche… on les plaignait ; moi, j’envierais presque leur sort !… Mourir ainsi à côté l’un de l’autre !… en un instant !… mais c’est le bonheur le plus grand, le plus entier !… Et ce bonheur n’est précédé d’aucune douleur, d’aucun reproche de conscience ; c’est la main du Seigneur qui s’est appesantie sur nous et qui