Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/221

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cette voix agissait sur elle. Enfin il la rejoignit au moment où le moulin se montrait à eux. Alfred saisit la jeune fille dans ses bras et la serra contre lui dans une étreinte convulsive ; pendant les premiers instans aucun d’eux ne put parler. Enfin Alfred dit d’une voix qu’il voulait rendre sévère :

— Et voilà comment tu m’aimes ! tu voulais empoisonner ma vie par l’éternité d’un remords ?

— Et toi, par celle d’une douleur bien autrement affreuse !… Ah ! crois-moi, ne récriminons pas, et ne m’oblige pas à vivre si je ne dois pas vivre pour toi !

Alfred la pressa plus étroitement contre son cœur, ce qu’il sentait en ce moment lui révélait tout ce que l’amour dévoué d’une femme peut donner de jouissance ; il oublia tout ce que l’honneur et la délicatesse lui avaient ordonné le matin même ; il ne vit, n’entendit que celle qui ne voulait de la vie qu’avec son amour,