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Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/23

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avait été au moment de faillir… elle se rappelait ses longues et tristes rêveries, ces heures malheureuses, où son cœur, abattu par un complet isolement, se sentait mourir pour être trop plein de vie… mais Dieu l’avait prise en pitié… l’avait sauvée… par la voix de Raymond !… c’était cette voix qui lui avait crié de s’arrêter au bord d’un abîme sans fond !…

Lorsque les pensées d’Anna prenaient cette direction, elle retombait dans ses anciennes rêveries, et devenait, comme autrefois, presque insensible à tout ce qui l’entourait ; mais il s’y joignait de nouvelles pensées qui, toutes vagues quelles étaient, l’étonnaient en la charmant !…

Bien des mois, des années même, s’étaient écoulés depuis le jour où Raymond avait été vainqueur de la mort auprès d’Anna. L’enfant avait été remplacée par la jeune fille, et son sauveur jouissait de son ouvrage : seulement, il cherchait à combattre cette exaltation, qui lui avait fait