Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/286

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quitté pour se promener, il croisa ses bras sur sa poitrine, étendit ses jambes, et dit à Sarah, en lui parlant avec cet accent voilé, cet altavoce qui donnait un grand charme à parole :

— Je suis né bon et même profondément sensible… mes passions étaient profondes, mais sans violence. J’aimais avec force ce que je devais aimer avec abnégation… Il n’est pas un sacrifice qui alors me parût impossible… Ce fut ainsi que je rencontrai la femme qui devait m’apprendre que le mal seul est réalité, et le bien une illusion vainement cherchée… Pardonnez-moi des paroles aussi sévères, dit René en s’interrompant… vous êtes en droit de me demander compte de ce que j’ose ainsi avancer devant vous !… vous, qui feriez douter de l’existence du mal… mais les exceptions comme vous sont rares, madame… puissiez-vous ne pas arriver comme moi par la route de la trahison et des douleurs à douter de tout en ce monde !…