Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’était pas aussi chère à sa femme que sa propre mère ?… Comment ne l’aurait-elle pas aimée, surtout en écoutant Raymond lorsqu’il en parlait ? Comme il était beau alors ! comme son regard doux et pur devenait éloquent lorsqu’il peignait les qualités, les grâces, l’esprit de sa mère ! C’était un culte dignement rempli… On ne trouvait rien de trop dans ce que cette âme filiale accordait à une mère digne de tous les éloges… et cette vénération, cette tendresse, cédaient à l’empire d’une femme !… L’homme qui avait été, pendant trente ans, un fils dévoué… devenait un esclave imberbe qu’une main de femme châtiait ou récompensait, sans même lui accorder un sourire… Et voilà ce qu’Anna ne savait pas !…

Elle ne put retenir quelques mots qui révélèrent l’amertume de sa pensée. Raymond pâlit en l’écoutant…

— J’ignore de quel côté sont les torts, dit Anna ; mais je sais qu’une mère n’en a jamais.